SECTION 2 : Les formes, manifestations et effets de la violence conjugale

2.2  Effets de la violence conjugale

 

Plus la femme est piégée par le cycle de la violence (voir section 1) exercé par son conjoint, plus elle arrive à concevoir cette violence comme normale, voire justifiée. Son seuil de « tolérance » augmente, au point qu’elle ne perçoit plus les manifestations quotidiennes de contrôle. Le stress quotidien occasionné par la violence conjugale porte atteinte aux ressources mêmes de la femme. À chaque épisode de violence, elle doit trouver différentes stratégies de protection pour elle et pour ses enfants : elle peut figer, tenter de se défendre, de fuir, elle peut choisir aussi de se soumettre, en lui obéissant et en réagissant le moins possible. Pourquoi? Parce qu’elle appréhende la tension; parce qu’elle doute de ses émotions et de sa propre compréhension de la situation; parce qu’elle fait tout pour éviter de nouvelles agressions; parce qu’elle est obligée de justifier ses attitudes et ses comportements.

 

Les conséquences de la violence conjugale peuvent être multiples et sont susceptibles de se manifester en milieu de travail :

 

2.2.1  Conséquences physiques

 

  • Blessures causées lors de l’agression ;
  • Changements dans les habitudes sexuelles ;
  • Troubles respiratoires ;
  • Baisse d’énergie ;
  • Affaiblissement général du système immunitaire ;
  • Troubles digestifs ;
  • Hypertension ;
  • Maux de tête ;
  • Troubles du sommeil ;
  • Tremblements.

 

2.2.2  Conséquences psychologiques

 

  • Sentiment de perte de contrôle ;
  • Sentiment d’impuissance ;
  • Sentiment de culpabilité ;
  • Sentiment de détresse ;
  • Sentiment de honte ;
  • Colère ;
  • Hypervigilance ;
  • Pensées répétitives ;
  • Anxiété ;
  • Idées suicidaires ;
  • Peur constante ;
  • Méfiance ;
  • État dépressif ;
  • Doute de soi.

 

2.2.3  Conséquences financières

 

  • Pertes matérielles ;
  • Médicaments ;
  • Hospitalisation ;
  • Déménagement ;
  • Poursuite civile ;
  • Pertes salariales ;
  • Système de sécurité ;
  • Thérapie.

 

2.2.4  Conséquences sociales

 

  • Peur d’être seule ;
  • Changement d’emploi ;
  • Perte de confiance envers les inconnus ;
  • Peur de sortir, isolement ;
  • Tensions conjugales et familiales ;
  • Perte de journées d’école ;
  • Incompréhension de la part de l’entourage ;
  • Dépendances (abus d’alcool, de drogues, de médicaments).

 

2.2.5  Conséquences spirituelles et existentielles

 

  • Perte de la foi ;
  • Sentiment de vide existentiel ;
  • Modification dans les valeurs ;
  • Perte de jouissance de la vie ;
  • Changement de perception.

 

2.2.6  Difficultés dans le processus mental

 

  • Confusion ;
  • Pertes de mémoire ;
  • Diminution de l’attention ;
  • Troubles de concentration ;
  • Difficulté à prendre des décisions.

 

L’intensité des émotions varie d’une personne à une autre. Il n’en demeure pas moins que les réactions et les conséquences vécues par les victimes sont NORMALES. Elles constituent des réactions normales à une situation qui ne l’est pas.1

 

1 Réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels, Les réactions et les conséquences de la victimisation, parlez-en! Consulté et disponible en ligne le 9 septembre 2020 : www.cavac.qc.ca